Tissus de terroirs : Portraits des principaux types de sols
Les calcaires du Jurassique : l’épine dorsale du Mâconnais
Aussi emblématique que le clocher des villages perchés, le calcaire est à la base de la plupart des grands terroirs de la région. Les formations datent du Jurassique moyen et supérieur (environ 170 à 145 millions d’années). Elles se présentent sous forme de bancs compacts, fissurés, souvent recouverts d’une couche superficielle d’éboulis plus ou moins argileux.
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Chardonnays sur calcaire : Ils révèlent une minéralité tranchante, de la tension, une fraîcheur citronnée. L’exemple type est le Mâcon-Solutré ou les crus Pouilly-Fuissé (sols de la Roche de Solutré, de Vergisson).
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Pinot noir sur calcaire : Exprime une grande finesse, des tanins soyeux, des arômes délicats de fruits rouges acidulés.
Une anecdote locale : sur la légendaire Roche de Vergisson, certains vignerons parlent « d’élevage naturel » de la vigne, les racines descendant parfois jusqu’à 10-20 mètres pour y capter l’humidité (source : Organisation des Producteurs Mâconnais).
Marnes et argiles : profondeur et puissance aromatique
Les couches marneuses, souvent entrecroisées d’argiles riches en minéraux, forment un réseau complexe, particulièrement sur les versants ou les dépressions de la vallée. Ces sols retiennent bien l’eau, offrent un enracinement facile à la vigne, et transmettent une toute autre lecture du terroir.
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Chardonnays sur argiles-marnes : Ces vins gagnent en amplitude, en générosité. La bouche est plus ronde, plus grasse ; la palette aromatique s’ouvre sur la pêche de vigne, la poire, le miel, parfois une touche beurrée. Les Mâcon-Igé et certains Pouilly-Vinzelles en sont de beaux exemples.
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Rouges sur ces sols : Les Gamays plantés sur argile révèlent une chair opulente, une belle matière, des notes de fruits noirs.
Fait marquant : Sur certaines zones d’argiles rouges (présence d’oxydes de fer), il n’est pas rare que la vigne prenne l’accent du Sud, offrant des vins plus solaires et généreux (BIVB Bourgogne).
Grès, sables, et cailloux : l’éclat des terroirs atypiques
Par endroits, le Mâconnais laisse apparaître des bandes de grès roses ou de sables, témoins de plages ou de fonds de vallée anciens. Ces sols drainants, souvent pauvres, obligent la vigne à forcer son ancrage.
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Pour le Chardonnay : On obtient des blancs dynamiques, aériens, marqués par la vivacité.
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Pour les rouges : Des vins friands, fruités, à la structure discrète et aux tanins souples.
Dans certains villages, on raconte que le vin prend ici le « goût du vent »: plus léger, plus secret, mais d’autant plus facile à associer avec une cuisine estivale ou une planche de fromages locaux.
Sols granitiques : aux frontières du Beaujolais
Sur les confins sud-ouest, vers Leynes ou Chasselas, le granite fait une apparition discrète mais remarquable. Ces sols acides, maigres, issus de la décomposition du socle primaire, impriment aux cuvées une personnalité audacieuse.
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Chardonnays sur granite : Plus nerveux, ils développent des notes florales et une salinité particulière, particulièrement appréciée dans les cuvées nature ou les assemblages modernes.
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Gamay sur granite : Le lien avec le Beaujolais est évident : fruits rouges éclatants, buvabilité et fraîcheur.
Anecdote : La présence de pierres bleutées dans certains rangs de vigne est le signe de micro-veines volcaniques remontant du bassin du Beaujolais. Les vignerons, autrefois, les utilisaient pour border leurs clos.